Magyd est un authentique artiste, un poète, qui, pendant quarante ans de sa vie, a donné des concerts et fait des tournées. C’est exceptionnel. Je suis cinéaste depuis 1994 avec la sortie en salle de mon premier film HEXAGONE, je n’ai jamais rien fait d’autre dans ma vie, et j’ai uniquement fait les films que j’avais envie de faire. Ce sont des trajectoires similaires : nous avons quasiment le même âge, nos parents sont issus de la même région d’Algérie, nous avons tous les deux grandi dans un quartier populaire d’une grande ville, en France, nous avons été marqués par les mêmes événements comme le match d’anthologie France-Allemagne à Séville mais aussi la marche des beurs de 1983 et puis Mitterrand est un président qui nous a dégagés l’horizon, il savait nous parler, il nous a propulsés dans le futur.
Mais l’autre point commun entre Magyd et moi, c’est notre émancipation. Au-delà de ce qui nous rassemble Magyd et moi, il y avait une dimension universelle dans le parcours de Mourad : découvrir la lecture, découvrir le verbe, se faire des amis, chanter sur scène et s’y sentir à sa place sont des processus de vie extrêmement séduisants. Le lycée lui a permis de se révéler à lui-même : au bout du chemin, forgé par une éducation aux valeurs solides autour du respect, de la tolérance, il fait des choix en fonction de ses propres envies et, à un moment donné, il s’affranchit de sa mère. Dans le livre, le personnage participe à un concours de rock après le lycée. Mais j’ai tenu à ce qu’il découvre la musique pendant son année de Terminale pour mieux affirmer ses choix cornéliens.